Ce qu’il faut savoir sur la politique environnementale des Etats-Unis

On pourrait penser que le Président Trump a réduit à néant la politique environnementale des Etats-Unis. Si son administration a effectivement réduit les efforts consentis par le précédent gouvernement, en se retirant notamment de l’accord de Paris en 2017 par une annonce tonitruante, les Etats, les villes et les entreprises américaines poursuivent leurs efforts. « Il y a des espoirs qu’indépendamment de la position du gouvernement, les Etats-Unis soient en mesure d’atteindre leurs engagements en tant que pays », a par exemple rassuré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. On pourrait taxer le patron de l’ONU de faire preuve d’un optimiste naïf, mais les chiffres lui donnent (partiellement) raison, comme on le verra tout au long de cet article.

USA Vs. France : mauvais élèves en la matière ?

Le 8 octobre 2018, le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport assez alarmant sur l’accélération des effets du réchauffement climatique à cause, entre autres, de la montée en flèche des émissions des gaz à effet de serre dans certaines parties du monde. Cette organisation, qui devient de plus en plus audible depuis la COP 21 et l’Accord de Paris, appelle les pays à se montrer à la hauteur de leur responsabilité historique et les exhorte à œuvrer pour une baisse radicale de leurs émissions de gaz à effet de serre à court, voire à très court terme. Dans son rapport très détaillé, le Groupe propose une infographie comparative entre les efforts concédés par les USA et la France en faveur de la protection de l’environnement. Les chiffres utilisés dans cette comparaison proviennent des rapports publiés par la Banque Mondiale en 2015, 2016 et 2017. Pour fiabiliser les résultats de l’étude, les chiffres ont été complétés, rapprochés et vérifiés avec les résultats de l’étude de Yale University sur la performance écologique des nations. Nous vous proposons une synthèse des conclusions de cette étude comparative :

  • Sur la part des émissions de dioxyde de carbone dans le monde, les Etats-Unis polluent 32 fois plus que la France. Ainsi, le pays de l’Oncle Sam est responsable de 14,40% des émissions d CO2 dans le monde, contre à peine 0,40% pour la France ;
  • Un Américain rejette, en moyenne, quelque 17 tonnes d CO2 par an dans l’atmosphère. C’est quasiment 4 fois plus qu’un Français ;
  • Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les émissions de CO2 ont continuellement baissé dans les deux pays depuis un quart de siècle (depuis 1990). Ainsi, la France a réduit ses émissions de plus de 32%, tandis que les Etats-Unis ont vu leurs efforts récompensés avec une baisse de 11% ;
  • En 2016, les Etats-Unis recouraient aux énergies renouvelables à hauteur de 12% dans le pool de sources utilisées pour produire de l’énergie. C’est environ 4 points de moins que la France.

On pourrait également compléter cette étude comparative par l’indice de performance écologique qui classe 180 pays en fonction de 24 critères environnementaux comme la qualité de l’air, la qualité de l’eau ou encore les efforts consentis pour la préservation des écosystèmes. La France occupe la 2e place des pays les plus performants du monde en la matière, derrière la Suisse et devant le Danemark, avec un score de 83,95. Les USA occupent la 27e place avec un score de 71,19.

Conclusion : il faut raison garder

Bien que la France soit largement devant les Etats-Unis lorsqu’il s’agit de comparer les résultats, il faut naturellement nuancer ces résultats par plusieurs critères pragmatiques :

  • Bien que la Chine soit souvent en embuscade, les Etats-Unis restent la première puissance économique mondiale. Il est plus laborieux pour un Etat aussi puissant de remodeler ses sources énergétiques que pour une puissance moins hégémonique comme la France ;
  • Les Etats-Unis accaparent les premières réserves mondiales en matière d’énergies fossiles. Il est donc « moins évident » pour ce pays de passer aux énergies renouvelables comparativement à la France qui n’est pas un pays connu pour être un producteur de pétrole ou de gaz naturel ;
  • Depuis l’élection de Donald Trump, la politique en matière d’écologie USA a fait le choix d’entendre également la voix des « sceptiques » qui arguent que le danger du réchauffement climatique est largement exagéré, voire inventé de toute pièce.

Il faut également noter que si le gouvernement fédéral se montre plutôt réticent à multiplier les efforts en faveur du climat, les villes, les entreprises et certaines Etats restent quant à eux très impliqués. Rappelons que quelque 350 maires, partout dans le pays, ont signé le fameux « Mayors National Climat Action Agenda » qui réaffirme l’engagement des acteurs « du terrain » à réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le plan local.